Les origines païennes du Christianisme

Isis et Horus / Marie et Jésus
Isis et Horus / Marie et Jésus

La Bible, le livre le plus vendu dans le monde (estimé entre 2,5 et 3,6 milliards de copies), a eu droit à toutes les interprétations possibles et imaginables, des plus simplistes aux plus fantaisistes. Existe-t-il une seule et véritable interprétation concernant ce  livre ? Peu probable, la particularité des livres religieux et des mythologies en général étant qu’on peut assez librement les interpréter et qu’il ne semble pas y avoir qu’une seule explication possible (et certainement pas une lecture littérale). Cependant, si l’on regarde attentivement la numérologie et le symbolisme bibliques et que l’on possède quelques notions des mythologies antiques, il n’est pas absurde de faire un parallèle. La Bible, comme les récits mythologiques gréco-romains, est constituée d’histoires étiologiques, visant à expliquer des faits de manière métaphorique ou imagée (Hein ? Quoi ?Adam et Eve n’ont jamais existé ? Alors on m’aurait menti ?!), et ces histoires contiennent justement des éléments très « païens » lorsqu’on les analyses.

Jésus et Marie

Commençons par du lourd : Jésus. Que sait-on de lui ? A peu près tout et rien. Tantôt fils de Joseph le charpentier, tantôt celui du Saint-Esprit, la seule certitude est l’identité de sa mère, Marie. Quant à savoir s’il a réellement existé, c’est une autre histoire (et un sempiternel débat) qu’il est préférable de ne pas aborder. La date de naissance de Jésus a été fixée au 25 décembre au IVè siècle dans l’occident romain pour coïncider avec la fête romaine du Sol Invictus qui célébrait la naissance du dieu Mithra (divinité indo-européenne dont le culte connu son apogée dans le monde romain aux IIè et IIIè siècles avant notre ère). NOUS Y VOILA ! On pourrait se dire « Ok donc on a donné à Jésus le même jour de naissance quun dieu païen, et c’est tout. » Et bien non, ce n’est pas tout, car Anahita, la mère de Mithra était comme par hasard…vierge. Simple coïncidence ? Oh, si seulement ! Un culte (ou plutôt une société secrète) s’était créé autour de Mithra, et un des principaux rituels était un banquet durant lequel on se nourrissait de…pain et de vin (qui représentaient le corps et le sang du taureau, emblème de Mithra). La légende raconte en plus que Mithra aurait eu…douze disciples. Et, en plus d’avoir piqué à Mithra sa date de naissance, la notion d’immaculée conception, ses douze apôtres et son festin aux attributs « céniques », Jésus s’est vu ensuite attribué un rôle solaire (la lumière éblouissante est présente dans quasiment toutes les représentations qu’on fait de lui), coïncidant également avec Mithra qui était associé au Soleil. Donc, Jésus=Mithra ? Pourquoi pas, tout coïncide.
On retrouve aussi des ressemblances entre Jésus et Zoroastre. Zoroastre, sage iranien fondateur de la religion monothéiste du Zoroastrisme (réforme du mazdéisme, autre religion monothéiste vénérant le dieu Mazda), s’est retiré loin de la foule et a reçu des enseignements de Dieu. Il prêchait la bonté et voyait le monde comme une lutte entre le bien et le mal. Zoroastre était donc un prophète comparable à Jésus. Jésus a aussi parfois été comparé au dieu égyptien Horus. Certains ont prétendu que Horus était né un 25 décembre, mais cela n’a jamais été prouvé. En revanche, Horus était considéré comme le protégé de Dieu (Rê), il est mort et a ressuscité, il représentait le Bien et sa mère l’a conçu de manière miraculeuse, mais c’est là tout ce qu’on peu trouver comme ressemblance. Il serait, à la limite, plus judicieux de comparer Jésus à Osiris (frère d’Isis et père de Horus) si l’on se réfère aux chiffres : Osiris s’est fait découper en quatorze morceaux qui furent jetés dans le Nil et qu’Isis a mit quatorze jours à retrouver, pour le ressusciter. Ce mythe cherche a expliquer les quatorze phases de la lune. En partant de ce nombre quatorze, on peut donc comparer avec précaution la mort d’Osiris à la mort de Jésus qui s’est faite sur un Chemin de Croix constitué de quatorze étapes et qui s’est terminée par une résurrection. Certains historiens souhaitant retracer l’histoire du Christianisme ont affirmé que le mot « Christ » venait de l’Empereur romain Constantin (premier empereur à s’être converti au Christianisme), qui fit apposer, après une vision qui lui est apparue, sur le bouclier de ses légionnaires le symbole nommé « chrisme », composé des deux lettres grecques Khi (X) et Rho (P), initiales de « Christ ». Même si cette affirmation est discutée, il semblerait que Constantin soit donc à l’origine du terme « Christ », et qu’il se soit peut-être considéré comme le Christ lui-même.
Venons-en à Marie, cela sera rapide.On a vu que Jésus avait été comparé à Horus et Osiris, fils et frère/mari d’Isis. Marie, elle, pourrait donc être comparée à la Déesse-Mère égyptienne. Isis était une déesse toute puissante, qui a mit Horus au monde miraculeusement après avoir ressuscité son frère et époux, qui symbolise la féminité et qui a vu son fils mourir et revenir au monde. Certains passionnés des sociétés secrètes ont affirmé que Marie était le prolongement d’Isis, que le Christianisme s’en était inspiré pour la figure mariale. Difficile de confirmer cet avis, mais cela ne serait pas étonnant, puisque lors de la conversion romaine au Christianisme « grâce » à l’Empereur Constantin, la plupart des temples dédiées à Isis se sont transformés en temples célébrant Marie. Et puisque Jésus a été associé à Mithra, Marie peut aussi être comparée à Anahita, sa mère, aussi appelée Nahid, qui en persan signifie « immaculée ».

Lucifer et arbre de la connaissance

Déjà, petite rectification car on a tendance à considérer Lucifer et Satan comme une seule et même entité. Il n’en est rien. Satan est la représentation du Mal, tandis que Lucifer est un ange déchu qui a fait un mal, mais un mal nécessaire. Lucifer existait déjà dans la mythologie romaine, son nom signifie « Porteur de lumière » (nom que les romains donnaient à la planète Vénus), il était un dieu de la Connaissance et de la Lumière (on appelait parfois Prométhée, celui qui apporta le feu aux hommes, Lucifer). Orgueilleux et hérétique, il voulu se rebeller contre Dieu et chuta. Dans la tradition ésotérique, Lucifer est associé au Serpent du Jardin d’Eden, pour plusieurs raisons. Si Vénus est associée à Lucifer chez les romains, et que cette déesse représente la séduction, le serpent séduisant Ève peut donc se rapporter à Vénus et donc Lucifer. De plus, la pomme est un des principaux attributs de Vénus. Et, pour terminer, Lucifer est celui qui apporte la Lumière et la Connaissance, le rapprochement avec l’arbre de la Connaissance du Bien et du Mal ne semble donc pas si illogique. En séduisant Ève, Lucifer/le Serpent se rebelle contre Dieu et apporte ainsi la Connaissance aux hommes. C’est pour cela que Lucifer est, en quelque sorte, un mal nécessaire, car l’homme fut libéré grâce à lui. Lucifer a aussi parfois été assimilé au dieu scandinave Loki, pour sa séduction et sa fourberie. La légende raconte aussi que, en tombant, Lucifer perdit l’émeraude qui se trouvait sur son front. Cette émeraude peut symboliser le « troisième œil », présent dans les religions orientales et symbolisant également la connaissance. Quant à l’Arbre de la Connaissance, il n’apparaît pas pour la première fois dans la Bible, puisqu’il existe aussi un arbre de la Connaissance dans la tradition akkadienne (civilisation mésopotamienne proche de Sumer).

Déluge et Apocalypse

26000 ans avant J-C, il existait déjà un mythe du déluge. Dès la première civilisation mésopotamienne, un récit du Déluge était connu dans ce que l’on appelle « L’épopée de Gilgamesh ». Le récit est fait par un homme, Utanapishtim, à qui Dieu à annoncé son intention de détruire l’humanité. Utanapishtim se voit donc conseillé de construire une arche et d’y rassembler chaque espèce animale afin d’échapper aux inondations qui vont durer six jours et sept nuits.
Mais avant la Bible, les grecs ont également reprit ce récit dans le mythe du déluge de Deucalion, dans lequel Zeus, désireux de détruire une humanité décadente, demande à Deucalion et sa femme de construire une arche afin d’être sauvés de la montée des eaux.
On peut donc dire que les auteurs de la Bible se sont largement inspirés de ces deux mythes pour l’épisode du Déluge, même si des récits semblables sont présents dans les mythologies indiennes, australiennes et iraniennes.
Quand à l’Apocalypse, ce sera court, elle peut être comparée au Ragnarök de la mythologie scandinave. Le Ragnarök, tout comme l’Apocalypse, commence par une liste de signes annonciateurs de la fin du monde. Jusque là rien de choquant, mais lorsqu’il est question du dieu Heimdallr sonnant la trompette pour apporter le trépas sur Terre, on commence à se dire que ça ressemble beaucoup aux sept trompettes de la mort du récit biblique. Donc sans certitude, on pourrait imaginer que l’Apocalypse de la Bible, postérieure au Ragnarök, se soit légèrement inspiré de ce dernier.

Ainsi le Christianisme, qui s’est tant arrangé pendant des siècles pour faire disparaître le paganisme, s’est pourtant construit autour de celui-ci. Des scandinaves aux égyptiens, en passant par Babylone et la Grèce, la Bible, au fil de son expansion et de son écriture, a su s’adapter, emprunter, s’inspirer, tout en gardant au final une identité propre qui lui a réussi. On regrette seulement qu’elle ait toujours occulté ses origines.

Je vous conseille vivement l’excellent livre L’histoire secrète du Monde de Jonathan Black aux éditions J’ai Lu, très documenté à ce sujet.